Madeleine Kinnen, fille d’Antoine Kinnen et de Catherine Goergen, voit le jour en 1915 à Esch-sur-Alzette. Elle passe son enfance au sein d’une fratrie comprenant deux filles et deux garçons, d’abord à Wecker, puis à Colmar-Berg et à Wasserbillig. Madeleine obtient un doctorat en lettres. En 1953 elle fonde l’organisation féminine chrétienne-sociale.
En 1946, elle épouse Pierre Frieden, professeur et écrivain, qui entame une carrière politique notable, accomplie par sa nomination au poste de ministre d’État en 1958.
Veuve en 1959, Madeleine Frieden-Kinnen entre en politique en 1967 dans le gouvernement CSV-LSAP remanié où elle devient secrétaire d’Etat pour la famille, la jeunesse et l’éducation.
La secrétaire d’Etat expose son grand intérêt pour les questions des femmes le 9 mars 1967 lors des discussions budgétaires, lorsqu’elle présente le programme pour son ministère.
« Je crois de mon devoir de faire appel à la Chambre pour que les femmes mariées aient enfin un statut – je ne dirai pas digne d’elles, mais digne de ceux qui sont leurs partenaires et qui – grâce à leur écrasante majorité dans tout ce qui est pouvoir public – ont à peu près seuls en mains les instruments qui permettent de changer ce statut (…). »
En 1968 une crise gouvernementale mène à des élections anticipées. Madeleine Frieden-Kinnen devient alors ministre de la famille, de la jeunesse et la solidarité sociale ainsi que ministre du culte et de la culture. Elle est la première femme à revêtir une charge ministérielle au Luxembourg.
En septembre 1972, la femme politique démissionne de ses fonctions ministérielles. Elle a été victime d’une campagne calomnieuse lancée à la fin de l’été 1969 par le Tageblatt, connue sous le nom d’affaire 'Buergfrid', qui reposait principalement sur du voyeurisme et des spéculations sur sa vie privée. Madeleine décide de de poursuivre le Tageblatt en justice, mais la procédure est finalement abandonnée après plusieurs années, sans jugement final.
Tout au long de sa vie, Madeleine Frieden-Kinnen estime avoir été injustement traitée, ce qui la conduit à se retirer de la vie publique pour se consacrer à des activités humanitaires. Elle s’engage dans l’aide au développement en Afrique et dans diverses œuvres caritatives.
La première femme à occuper un poste de ministre décède à l’âge de 83 ans. Dans son testament politique, lu au Parlement, Madame Frieden-Kinnen se désigne comme victime d’une erreur judiciaire, tout en exprimant son pardon envers ceux responsables de cette affaire.
Sources :
● https://today.rtl.lu/luxembourg-insider/knowledge-bites/a/2064554.html
● d'Letzeburger Land du 12 février 1999
● d'Lëtzebuerger Land du 22.02.2019
● Sonja Kmec, Renée Wagener (et al.), Frauenleben–Frauenlegenden. Ein Streifzug durch 1000 Jahre Stadtgeschichte: Persönlichkeiten, Geschichte(n) und Hintergründe,